> Et soudain, mes paupières devinrent lourdes. Mon corps lâcha, et je m'effondrai dans les bras de Lyra.
— Attends-moi ! Tu vas trop vite… Ce jour-là, je fêtais mes six ans. Lui, il en avait neuf.
— C'est pas de ma faute si t'as des jambes de fourmi, avait-il rigolé. Mais sache, Ash, que je ne t'abandonnerai jamais. Et je te protégerai toujours. Parole de grand frère.
Il avait dit ça avec un sourire éclatant.
— Menteur… menteur ! Tu m'as laissée. Et t'as failli me buter.
— Gaby, tu sais que Ash peut se défendre seule. Toi, tu dois te concentrer sur tes études de droit et devenir avocat.
— Oui, mère…
Il obéissait toujours. À tout. Docile, parfait… Il faisait tout ce qu'on attendait de lui. Mais cette fois-là, j'en avais marre de le voir enterrer son rêve.
— Non, mère. Vous n'avez pas le droit de décider de ce que mon frère doit faire de sa vie. Il ne veut pas devenir avocat. Il veut être militaire !
Oui, vous avez raison sur un point : je suis grande. Il n'a plus besoin de me protéger. Mais vous, vous avez déjà vécu. Alors laissez-le vivre aussi, ses rêves, ses choix, sa vie—
CLAC. Une gifle sèche déchira l'air.
— Tais-toi, insolente. File dans ta chambre !
— Ou… Oui, mère
Lyra l'avait tenue contre elle, les yeux gonflés, le cœur tambourinant de peur. Ash venait de s'effondrer, et elle avait eu peur que ce soit la fin.
Mais soudain, dans ses bras, Ash remua légèrement, et ses paupières battirent faiblement.
Elle ouvrit les yeux, cligna un instant, puis murmura d'une voix éraillée mais taquine :
— Wow… qu'est-ce qui se passe ici ? Je ne pensais pas que tu savais pleurer.
Un mince sourire étira ses lèvres, malgré la douleur.
Lyra laissa échapper un soupir tremblant, entre colère, soulagement et chagrin.
— Que t'es idiote, murmura-t-elle en serrant encore plus Ash contre elle. Ne me refais plus jamais un coup pareil, tu m'entends ? Tu ne dois pas disparaître maintenant, pas encore… Parce que la guerre ne fait que commencer. Et j'ai toujours besoin de toi.