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Chapter 16 - 16- Tensions invisibles

Chapitre 16 — Tensions invisibles

Maya n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Le sourire de Camille, sa voix légère lui annonçant que "son mari lui avait offert des roses", tournait dans sa tête comme une lame. Elle s’était sentie trahie, humiliée, et surtout… impuissante. Elle n’avait jamais été celle qu’on laissait de côté. Jamais.

Vers dix-sept heures, elle envoya un message à Adrian.

« Viens. Ce soir. Pas de discussion. »

Il ne répondit pas tout de suite. Mais à vingt heures, il était là. Devant sa puorte. Visage fermé. Mains dans les poches. Il entra sans un mot. L’atmosphère entre eux était froide, presque métallique.

Maya referma la porte, puis le fixa longuement.

— Tu t’amuses bien avec Camille ?

Adrian soupira. Il savait que ça allait venir.

— Maya, pas ce soir...

— Si. Ce soir. Maintenant. Tu veux parler de "retrouver quelque chose de bien" avec elle ? Tu veux "mieux te comprendre" avec ta femme ? Tu veux jouer au bon mari avec des fleurs et des sourires pendant que moi, je me ronge de l’intérieur à t’attendre ?

— C’était un geste. Un moyen d’alléger les choses à la maison. Tu sais très bien que ça ne veut rien dire !

— Rien dire ? répéta-t-elle, la voix brisée par une colère sourde. Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je n’ai pas vu que tu recommences à faire attention à elle ? À la regarder ? À hésiter ?

Adrian leva la voix, pour la première fois.

— Et toi, tu crois que c’est facile ? De mentir tous les jours ? De faire semblant de n’être qu’un collègue quand j’ai passé des mois à t’embrasser en cachette ?! Je suis en train d’étouffer, Maya. Tu me rends dingue !

— Moi ? Je te rends dingue ?! Et elle, alors ?! Elle te manipule, Adrian ! Elle te connaît, elle t’observe, elle joue avec toi et tu replonges !

Il s’approcha d’elle, les mâchoires contractées.

— Peut-être que ce qu’elle me donne… c’est un peu de paix. Ce que tu n’es plus capable de m’offrir.

Cette phrase la gifla plus violemment que tout le reste. Maya recula d’un pas, les yeux écarquillés.

— Alors pourquoi tu reviens toujours ici ?! Pourquoi tu me touches encore ? Pourquoi tu me mens, Adrian ?!

Un silence. Pesant. Électrique.

Puis il murmura :

— Parce que j’ai peur d’elle… et de toi. Parce que je ne sais plus ce que je veux.

Maya s’approcha lentement, ses yeux brillants de rage contenue.

— Tu veux tout et son contraire. Tu veux le confort avec elle et la passion avec moi. Mais tu sais quoi ? Bientôt, tu n’auras plus ni l’un ni l’autre.

Elle lui ouvrit la porte.

— Sors.

— Maya…

— Sors, Adrian. Et choisis bien. Parce que la prochaine fois, je ne serai plus là.

Adrian hésita, le regard lourd. Puis il passa le seuil sans un mot, la porte se refermant lentement derrière lui.

Maya s’effondra, elle resta là, adossée à la porte, ses mains serrant le tissu de son chemisier comme pour y contenir l’implosion de ses émotions. Un silence assourdissant envahissait l’appartement, seulement troublé par le martèlement de son cœur.

Des larmes roulèrent, silencieuses, le long de ses joues. Elle ne les essuya pas. Elle les laissa couler, comme on laisse tomber un masque. Ce soir, elle n’avait plus de rôle à jouer. Elle n’était ni la séductrice, ni la femme sûre d’elle. Elle était juste… brisée.

Elle se dirigea vers la salle de bain, titubant presque, et s’observa dans le miroir. Ses traits étaient tirés, ses yeux rougis, mais dans ce reflet, quelque chose d’autre apparut : une dureté nouvelle. Une résolution.

Maya savait que Camille ne jouait pas un jeu innocent. Et cette guerre silencieuse, cette bataille de regards, de sous-entendus, de gestes mesurés… Maya avait cru la maîtriser. Mais elle venait de comprendre : Camille l’avait toujours devancée d’un pas.

Elle ferma les yeux un instant, inspira profondément, puis les rouvrit avec une clarté glaciale. Si Adrian ne choisissait pas, elle le ferait pour lui. Elle ne quémanderait plus. Elle ne s’effondrerait plus.

Elle attrapa son téléphone, le regarda quelques secondes, puis le jeta violemment contre le mur. L’écran explosa en éclats. Elle recula, haletante, puis s’effondra sur le sol carrelé.

Mais dans cette nuit sombre, quelque chose venait de naître : une détermination brute. Maya ne comptait plus subir. Elle frapperait, à sa manière. Et la prochaine fois, ce ne serait plus des mots. Ce serait un coup décisif.

À suivre

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