Les jours qui suivirent la confrontation avec Fu Jian semblèrent plus doux. Une tempête venait de passer, et même si le ciel n'était pas encore complètement dégagé, Li Na respirait un peu mieux. Elle avait affronté une peur immense et s'en était sortie sans perdre ce qui comptait le plus : Tian Tian.
Mais ce soulagement apportait avec lui une autre vérité, plus douce et tout aussi effrayante.
Liu Zhen était devenu important. Inévitable.
Et il fallait qu'elle en parle.
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Ce matin-là, alors qu'elle préparait le petit déjeuner, Li Na regardait Tian Tian danser autour de la table, une cuillère à la main, chantant une chanson d'école avec enthousiasme.
« Maman, Oncle Zhen vient ce soir ? » demanda-t-elle entre deux refrains.
La question la frappa de plein fouet.
Elle n'avait même pas pensé à l'inviter. Mais l'idée de passer une journée sans qu'il vienne, sans sa présence rassurante, la dérangeait plus qu'elle ne voulait l'admettre.
« Tu veux qu'il vienne ? » répondit-elle prudemment.
« Oui ! Il raconte mieux les histoires que toi, et il m'a promis une surprise ! »
Li Na sourit malgré elle. « Alors je vais l'appeler. »
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Plus tard dans la matinée, elle sortit marcher seule. Elle avait confié Tian Tian à une voisine de confiance. Elle avait besoin de réfléchir, loin du tumulte domestique.
Son téléphone à la main, elle hésita longuement avant de composer le numéro de Liu Zhen.
Il décrocha rapidement, sa voix toujours calme.
« Bonjour, Li Na. Tout va bien ? »
« Oui… enfin, pas vraiment. Je… j'ai besoin de te parler. Ce soir. Seul à seule. »
Un silence. Puis : « D'accord. Je serai là. »
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Le soir venu, après que Tian Tian fut endormie, Li Na invita Liu Zhen à rester un peu plus longtemps.
Ils s'installèrent sur le petit canapé du salon. Une tasse de thé fumante entre eux. L'ambiance était étrangement tendue, alors qu'il n'y avait ni conflit, ni reproche, seulement un trop-plein d'émotions non exprimées.
« Tu as été là pour nous. Et je t'en remercie vraiment, » commença-t-elle doucement. « Mais il faut que je sois honnête avec toi. »
Il fronça légèrement les sourcils, inquiet.
« Ce que nous vivons... cette proximité... Ce n'était pas prévu. »
Il acquiesça lentement.
« Je ne sais pas si je suis prête pour plus. Pas parce que tu n'es pas ce qu'il faut, mais parce que j'ai peur. »
Il posa sa tasse, ses yeux plantés dans les siens.
« Li Na, je ne suis pas là pour te forcer. Je suis là parce que je veux l'être. Pour toi. Pour elle. Et si tout ce que tu peux me donner, c'est une amitié, alors je l'accepterai. »
Elle détourna les yeux, les larmes menaçant.
« Mais tu ne veux pas juste de l'amitié, n'est-ce pas ? »
Un silence.
Puis il répondit : « Je t'aime, Li Na. Et j'aime Tian Tian. Pas comme un jeu. Pas comme une histoire temporaire. Je vous veux dans ma vie. »
Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Aucun homme ne lui avait parlé ainsi. Sans pression. Avec sincérité.
Elle prit une profonde inspiration.
« Je ne suis pas encore prête… mais je veux essayer. »
Un sourire naquit lentement sur les lèvres de Liu Zhen. Il ne bougea pas. Il respecta sa distance. Mais son regard en disait long : il attendrait. Peu importe le temps.
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Les jours passèrent. Ils trouvèrent un équilibre nouveau. Moins hésitant. Plus tendre.
Un dimanche matin, Liu Zhen emmena Li Na et Tian Tian à la campagne, dans une petite maison qu'il possédait en dehors de la ville. Ce n'était pas un manoir, mais un lieu calme, entouré de champs et de fleurs sauvages.
Tian Tian courait parmi les herbes, riant à gorge déployée.
Li Na, observant la scène depuis le perron, ressentit une chaleur nouvelle dans sa poitrine. Une forme de paix qu'elle n'avait jamais connue. Elle se tourna vers Liu Zhen.
« Tu viens souvent ici ? »
« Pas depuis des années. Mais j'y pensais souvent. Je me disais que si un jour je voulais construire quelque chose, ce serait ici. »
Elle le regarda, surprise. Il ajouta :
« Et maintenant que vous êtes là… je crois que c'est le bon moment. »
Ses mots n'étaient pas dits à la légère. C'était une promesse voilée. Une vision d'avenir.
Li Na ne répondit pas. Mais elle s'approcha, posant sa main sur la sienne. Une réponse silencieuse, mais claire.
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Mais l'univers n'aimait pas laisser les choses trop paisibles.
Quelques jours plus tard, Li Na reçut une visite inattendue au travail.
Une femme élégante, vêtue d'un tailleur blanc, se présenta comme Madame Qian Meiling.
« Je suis la mère de Liu Zhen, » dit-elle d'un ton tranchant.
Li Na sentit son cœur se serrer.
« J'ai entendu parler de vous. Et de votre fille. »
Elle posa un dossier sur le comptoir. « Je suis venue clarifier une chose. Je ne vous laisserai pas ruiner l'avenir de mon fils. »
Li Na resta figée.
« Ce que vous vivez avec lui n'est qu'un caprice. Il mérite une femme de son rang. Pas une mère célibataire avec un passé trouble. »
Le sang de Li Na ne fit qu'un tour.
« Mon passé n'a rien de trouble. J'ai élevé ma fille seule, avec dignité et travail. »
« Ce n'est pas suffisant pour notre famille, » rétorqua Madame Qian. « Je vous conseille de vous retirer. »
Elle tourna les talons et s'en alla sans un mot de plus.
Li Na resta là, tremblante. En colère. Blessée. Mais pas brisée.
Elle savait maintenant qu'un nouveau combat commençait.