Le silence du petit village de Belmont fut brisé par le roulement inattendu des roues dorées d'un carrosse royal. Les habitants sortirent de leurs maisons, curieux, certains même inquiets. Farah, accroupie près d'un enfant malade qu'elle soignait avec des herbes médicinales, leva les yeux, intriguée.
Un garde en uniforme royal descendit du carrosse et s'avança vers elle, sans même un sourire.
— Farah Delacroix ?
— Oui… c'est moi, répondit-elle, se relevant lentement.
— Par ordre de Sa Majesté, le roi Gabriel El Nostra, vous êtes priée de vous présenter immédiatement au palais royal.
Le silence tomba sur la petite foule. Farah cligna des yeux, déconcertée.
— Le roi ? Pourquoi ? Je n'ai rien fait…
— Les raisons vous seront expliquées là-bas. Préparez-vous. Vous partez dans une heure.
Le garde tourna les talons. Farah resta figée quelques secondes avant de jeter un regard perdu à Dave, son meilleur ami, qui accourait vers elle.
— Tu ne vas pas y aller seule ? s'écria-t-il.
— Je… je n'ai pas le choix. C'est le roi. Et si quelqu'un a besoin de soins ? Peut-être que c'est grave, murmura-t-elle, se voulant rassurante.
Mais au fond d'elle, un mauvais pressentiment venait de naître.
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Le palais royal de Nostra était encore plus impressionnant qu'elle ne l'avait imaginé. Des couloirs marbrés, des gardes à chaque tournant, et un silence pesant malgré le luxe étouffant. Farah fut conduite dans une salle d'audience privée.
Là, il se tenait. Le roi Gabriel.
Il était jeune. Trop jeune pour incarner l'autorité qu'il dégageait. Ses yeux d'un gris perçant la scrutèrent comme s'il lisait à travers son âme. Il ne sourit pas. Il ne salua pas.
— Farah Delacroix, dit-il d'une voix calme mais ferme. Vous allez devenir ma femme.
Le monde s'arrêta de tourner.
Farah recula d'un pas, abasourdie.
— Votre femme ? Mais… pourquoi moi ? Je ne suis qu'une guérisseuse… je ne suis ni duchesse, ni noble de haut rang…
— Justement. Vous êtes discrète, intelligente, et sans ambition politique. C'est exactement ce dont ce royaume a besoin en ce moment.
— Mais je n'ai jamais… je ne vous connais même pas.
— Vous n'avez pas à me connaître. C'est un mariage d'État. Pas un conte de fées.
Farah sentit son cœur battre à toute vitesse. Elle voulait refuser. Hurler. S'enfuir. Mais dans le regard du roi, elle vit quelque chose. Une douleur cachée, une urgence.
— Si vous refusez, votre village… pourrait en payer le prix, ajouta-t-il froidement.
Farah comprit alors. Ce n'était pas une demande. C'était un ordre.
Et son destin venait de basculer.