Un an s'était écoulé depuis la mort de Maria, et la vie avait pris un tournant étrange pour Sky, Mel, et leurs proches. Les événements ne semblaient jamais vouloir se stabiliser. Dans cette atmosphère tendue, Ana était devenue encore plus insaisissable, se lançant dans une vie nocturne qu'elle semblait désirer plus que tout. Ce soir-là, elle s'apprêtait à sortir de nouveau, et Grace, inquiète comme toujours, décida de demander à Cassie de la suivre.
Arrivée au club, Cassie se glissa entre les foules, ses yeux cherchant Ana sans se faire repérer. Elle s'assit discrètement, dans un coin où elle espérait qu'Ana ne la verrait pas, mais bien sûr, ce n'était pas ce qui se passa. En quelques secondes, Ana la repéra, une lueur de colère traversant ses yeux.
Elle traversa la salle, se faufilant entre les danseurs, et se planta devant Cassie.
_ "Tu me suis partout maintenant ?" lança-t-elle d'une voix pleine de reproches.
Cassie se leva lentement, ses mains nerveusement croisées.
_ Je suis juste là pour m'assurer que tu ne fasses rien de stupide, Ana.
_Je ne suis plus une gamine, tu sais ? Je n'ai pas besoin de toi pour me dire ce que je dois faire, rétorqua Ana, la colère brûlant dans sa voix.
Les mots fusèrent, la tension grandissant entre elles, jusqu'à ce qu'Ana, agacée, se tourne et quitte le club sans un mot de plus. Cassie la suivit du regard, voyant sa sœur se faufiler dans un taxi. Avant qu'elle ne disparaisse dans la nuit, elle prit son téléphone et appela sa mère.
_"Elle est partie. Encore une dispute. Elle m'a dit de la laisser tranquille..." Cassie s'arrêta un instant, cherchant les bons mots pour expliquer la situation. "Je crois qu'elle ne veut plus de ma protection."
Grace, d'un ton froid et agacé, répondit :
_ "Tu n'es pas capable de gérer un simple truc comme ça, Cassie ? Comme d'habitude, c'est moi qui vais m'en charger. Tu peux rentrer ,je vais m'en occuper toute seule.
(Chez les Decker)
Le soleil était à son zénith lorsque Sky se leva, déterminée à faire bouger les choses. Elle entra dans la chambre de Mel sans frapper, une habitude qu'elles avaient depuis toujours. Mel était allongée sur son lit, un livre qu'elle n'avait même pas ouvert posé sur sa poitrine. Son regard était perdu dans l'ombre des rideaux tirés, ses pensées, comme d'habitude, ailleurs.
_"Allez, Mel, tu viens ? Je nous ai achetés deux tickets , ça va être trop trop génial ,commença Sky en sautillant de joie .
Mel resta silencieuse , le regard vide .
_"Ça fait un an, tu peux pas rester là à ressasser tout le temps. Tu sais bien que maman voulait qu'on vive, pas qu'on s'enferme dans le passé ", continua Sky en s'approchant plus près de sa soeur . Elle essayait d'être douce, mais une pointe d'énervement se cachait dans sa voix. Elle n'en pouvait plus de la voir dans cet état, toujours à ressasser leur mère.
Mel leva lentement les yeux, mais son visage restait figé, une expression vide.
_ "Je ne veux pas sortir. Et je ne veux pas que tu me parles de maman, Sky. Ça fait un an, c'est encore trop tôt." Elle tourna son regard vers la fenêtre, évitant de croiser celui de sa sœur.
_"Ce n'est pas à toi de décider quand c'est le bon moment pour moi !" répliqua Sky, un peu plus fort, en avançant dans la pièce. "Je comprends que tu sois en colère,et qu'elle te manque , à moi aussi pour info , mais tu crois vraiment qu'en te privant de bonheur, tu vas la ramener ? Maman n'aurait jamais voulu ça."
Mel se redressa d'un coup, une étincelle de frustration dans les yeux.
_"Tu crois que je ne sais pas ça ?! Tu crois que je n'ai pas essayé de faire face ? Mais tu n'es pas dans ma peau, Sky. Tu ne sais pas ce que c'est de la perdre... Elle était tout pour moi, et toi, tu as ton putain de copain et tes sorties pendant que moi, je suis coincée dans ce putain de silence."
Sky sentit la colère monter.
_ "Ne me fais pas de reproches, Mel ! Moi aussi je suis perdue, mais je me bats. Toi, tu préfères te cacher derrière tes murs, en espérant que ça passera tout seul."
_"Et toi, tu crois que tu as la solution à tout ? Tu penses que sortir et rire va régler quoi que ce soit ? Maman est morte, Sky, et tu veux que je fasse comme si tout était normal ?" Mel se leva brusquement, son visage rouge de colère.
_"Tu as décidé de faire de la douleur ton identité ! T'as pas envie de vivre, et tu veux que je sois comme toi ? Je ne peux pas rester là à t'attendre indéfiniment !" Sky criait maintenant, sa frustration éclatant dans la pièce comme un orage.
Les deux sœurs restèrent un moment là, à se défier du regard, le silence lourd de non-dits. Puis, Mel détourna le regard, comme si elle avait perdu toute énergie. "Tu ne comprends pas, Sky. T'as pas à comprendre."
Sky ferma les yeux, en proie à une profonde tristesse. Elle se tourna enfin, prête à partir.
_Non, tu as raison. Mais je vais continuer à essayer, même si tu ne veux pas. Parce que je crois qu'on peut guérir, même sans maman. Peut-être qu'un jour, tu verras ça aussi."
Mel ne répondit pas, mais les mots de Sky résonnèrent lourdement dans la pièce.
(N.Y. Ana Carter)
Ana marchait lentement, la tête tournant sous l'effet de l'alcool. Chaque pas était un effort, mais elle ne pouvait s'empêcher de se diriger vers l'endroit où elle savait qu'il était, où elle avait été heureuse autrefois. Jérémy. Son ex. L'homme qu'elle n'avait pas pu oublier. Même si la rupture était inévitable, elle n'avait jamais accepté la fin de leur histoire.
Elle frappa à la porte, son cœur battant à tout rompre. La porte s'ouvrit. Jérémy se tenait là, légèrement surpris, un peu désemparé en la voyant dans cet état.
_"Ana... Qu'est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-il, son ton étonné mais pas hostile.
Elle baissa la tête, des larmes perlant sur ses cils. "Je... je ne savais pas où aller. Je t'en prie... Rémy... J'ai besoin de toi."
Jérémy hésita une fraction de seconde, puis, dans un soupir, il s'écarta de la porte.
_ "Entre, mais tu devrais vraiment rentrer chez toi, Ana. Tu n'es pas dans ton état."
Elle entra, se laissant guider jusqu'au canapé. Elle avait l'air d'une ombre de ce qu'elle était, mais Jérémy, malgré la rupture, la laissa s'installer sans un mot. Il n'était pas insensible, bien que fatigué de la voir toujours dans ce tourbillon émotionnel.
Il partit chercher un verre d'eau, la regardant avec une compassion silencieuse.
_ "Tu veux que je t'aide à te coucher ?"
Ana hocha la tête, la tête lourde, avant de s'endormir à moitié sur le canapé, sa respiration lente. Jérémy resta un instant là, à la regarder, épuisé par les mois de tension entre eux.
Quelques heures plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit avec un léger bruit. Jérémy tourna la tête, un sourire fatigué aux lèvres. Il se leva, s'apprêtant à accueillir sa copine, mais le regard de cette dernière se posa instantanément sur Ana, endormie sur le canapé. Le silence s'installa brièvement.
"Jérémy, je... je pensais qu'on devait se voir ce soir," dit-elle, ses yeux restant fixés sur Ana. "C'est elle, n'est-ce pas ?"
Jérémy la regarda, une petite moue sur le visage.
_"C'est... compliqué. Elle est... juste ici pour un moment. Elle était ivre et j'ai pas voulu la laisser dehors."
La copine haussait un sourcil, un léger air de désapprobation sur le visage.
_ "Tu l'as laissée rester ici ? Après tout ça ?" Elle avança d'un pas, mais Jérémy la prit doucement par le bras.
_Je sais chérie...mais je ne pouvais pas la laisser dehors dans cet état."
Un silence s'installa, lourd, alors que la copine de Jérémy jetait des coups d'œil furtifs à Ana, toujours endormie.
Le silence fut rompu par Jérémy qui invita sa copine à aller dans la chambre.
_"Viens...on va pas laisser ça gâcher notre anniversaire . Je t'ai acheté quelque chose , suis moi je te montre."
Une fois dans la chambre , l'attention qu'ils portèrent au cadeau était minime , ils étaient plus focalisés sur des baisers interminables. Elle poussa Jérémy sur le lit , des caresses , en suivaient .
Pendant ce temps ,Ana, à moitié endormie, se réveilla brusquement. L'odeur de l'alcool, l'impression d'étouffer... Elle se redressa, ses yeux mi-clos cherchant à comprendre où elle était. Le brouillard dans sa tête s'éclaircit un peu quand elle aperçut Jérémie et sa copine, qui s'embrassaient dans la chambre où la porte était entre ouverte .
La tension monta dans l'air. Ana sentit une rage inexplicable déchirer son cœur. Elle ne pouvait plus supporter de les voir ensemble. L'alcool amplifiait ses émotions, et une vision floue de sa douleur la traversa. Elle se leva brusquement, les pieds instables, mais la colère la guidait.
Elle aperçut quelque chose sous le canapé – une petite arme de poing que Jérémie gardait, par mesure de sécurité. Ses doigts se refermèrent instinctivement sur elle, comme si c'était la seule chose qui pouvait apaiser sa souffrance.
Sans un mot, elle s'avança vers le couple. Jérémy la regarda, surpris, comme s'il venait de réaliser la gravité de la situation.
_"Ana, calme-toi," tenta-t-il, mais sa voix ne parvint pas à atteindre sa conscience troublée.
Le regard d'Ana se fit plus noir, et d'un mouvement furtif, elle brandit l'arme.
_"Comment t'as pu? Je t'aimais et toi...toi tu teq tapes une autre fille sous mes yeux? T'es un salopard Rémy !! Je te déteste . C'est toi, ou c'est moi. Tu as choisi, Jérémy." Sa voix tremblait de rage et de douleur.
La copine tenta de reculer, mais avant qu'elle ne puisse réagir, un bruit sec résonna. Le corps de Jérémie se retrouva sur le sol, une expression choquée figée sur son visage. La copine, dans un ultime cri, tenta de s'échapper, mais elle fut la suivante à tomber, la main se portant instinctivement à son cou, où une seconde balle venait de la frapper.
Le silence qui suivit était pesant. Ana se tenait là, le bras tendu, l'arme encore en main. L'odeur métallique du sang emplissait la pièce, mais dans sa tête, il n'y avait rien d'autre que le vide. La rage s'était dissipée, et il ne restait plus que la solitude. Elle se laissa tomber contre le canapé, l'arme à ses côtés. Ses yeux se fermaient lentement, l'alcool la reprenant.
Les deux corps gisaient là, sans vie.
Le silence s'était installé dans la chambre. Le sang, encore chaud, baignait le sol, formant des flaques sombres autour des corps sans vie. Ana, assise par terre, fixait le vide avec des yeux pleins de confusion et de terreur. La pression du moment, l'alcool, la colère... tout s'était mêlé en elle pour aboutir à ce chaos. Mais elle ne pouvait pas revenir en arrière.
Grace qui après avoir cherché chez toutes les amies de sa fille ,décide d'aller chez Jérémy. Elle frappa mais aucun signe . La porte s'ouvrit brusquement ,elle entra, un regard inquiet sur le visage.
_ "Ana ? Tu es où ?"
Elle n'eut même pas le temps de faire un pas de plus que son regard se posa sur les corps étendus sur le sol. La pièce semblait figée dans le temps, chaque détail empreint de cette violence imprévue. Ses yeux passèrent d'abord sur Jérémy, puis sur la copine. Et enfin, elles se fixèrent sur sa fille, tremblante, les mains couvertes de sang, son visage marqué par la panique.
_"Non, non, non... Ana !" hurla Grace, se précipitant vers elle. "Qu'est-ce que tu as fait ?"
Ana tourna lentement la tête vers sa mère, les yeux emplis de larmes. Elle ne savait plus quoi penser. Son corps était lourd, presque paralysé par la peur. Elle leva les mains, les sanglots montant dans sa gorge, tandis que son regard se faisait fuyant, apeuré.
_"Maman… je… je n'ai pas voulu… Je… je suis désolée," sanglotait-elle, sa voix brisée par la terreur. "Je ne voulais pas… je ne voulais pas…"
Elle s'effondra alors en larmes, son corps secoué par des tremblements incontrôlables. Elle se recroquevilla sur elle-même, se sentant prise au piège, à la fois responsable et effrayée par les conséquences de ses actes.
_"Je ne veux pas aller en prison, maman… S'il te plaît, je… je suis perdue, je… je ne sais pas ce qui m'a pris…" Elle leva les yeux vers Grace, la suppliant du regard. "Aide-moi, je t'en prie… Je t'en supplie, ne me laisse pas faire ça seule. Je… je suis désolée."
Grace, malgré la panique qui bouillonnait en elle, s'agenouilla près de sa fille, sa main venant se poser doucement sur sa tête. Ses traits étaient fermes, son regard intense, mais il y avait quelque chose de protecteur dans sa posture. Elle savait ce qu'elle devait faire. Elle avait toujours su comment manipuler les événements à son avantage.
_"Ana… écoute-moi," dit-elle, sa voix calme, presque glaciale. "Tu ne vas pas aller en prison. Tu ne vas pas gâcher ta vie à cause de ça."
Ana hocha la tête, comme si ces mots étaient tout ce qu'elle attendait.
_ "Tu… tu vas tout arranger ?" demanda-t-elle, sa voix fragile.
_"Oui," répondit Grace, son ton inébranlable. "Je ne laisserai rien t'arriver. Mais il faut que tu me fasses confiance. Il faut qu'on fasse ça proprement."
Ana leva les yeux vers sa mère, un mélange de soulagement et de terreur dans ses yeux. _"Comment… comment on va faire ?"
Grace se leva, regardant autour d'elle, évaluant la situation. Elle savait qu'il fallait agir vite, qu'il fallait effacer toute trace de ce qui venait de se passer. Ses pensées étaient déjà en train de se mettre en marche, comme un engrenage implacable.
_"Je vais appeler quelqu'un pour s'occuper de tout ça," dit-elle d'une voix calme. "Mais tu dois me promettre que tu vas rester calme. C'est le seul moyen."
Ana acquiesça, les larmes coulant toujours sur ses joues.
_"Je ferai tout ce que tu dis, maman... Je ne veux pas tout perdre. Je ne veux plus…"
Elle s'interrompit, et Grace, avec un dernier regard dur, laissa échapper un léger soupir. _"Ne t'inquiète pas. Tout va bien se passer. Je vais m'en charger.Rappelle-toi bien ça, Ana : tu es ma fille. Et tant que je serai là, rien ne pourra te détruire."
Dans son regard il était clair qu'elle avait un plan en tête ,un plan dangereux.
Prochainement dans le chapitre 3 :
Tandis que Cassie commence à douter de ceux qui l'entourent, un piège se referme lentement autour d’elle. Mais qui, dans l’ombre, tire vraiment les ficelles ?
Le sang a coulé une fois… Et ce n’est que le début.