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Chapter 23 - Silence avant la Tempête : L’Académie, l’Amour, et la Préparation

« Ce n'est pas toujours au cœur des batailles que l'on se révèle. Parfois, c'est dans les heures calmes, entre deux orages, que naissent les vérités les plus douloureuses… et les plus belles. »— Journal de Kael, Entrée inachevée La nouvelle du procès de Kael face au Conseil du Monde s'était répandue comme une traînée d'azur dans le ciel d'Elaria. Les nations observaient. Les rois murmuraient. Les prophètes notaient ses gestes dans des grimoires anciens.

Mais lui, il retourna simplement à l'Académie d'Eloria, sa maison.

Plus d'un le saluait avec une révérence, d'autres avec crainte. Les plus jeunes l'admiraient comme une légende vivante. Mais Kael restait distant, son regard chargé du poids de ce qu'il avait vu, de ce qui allait venir.

Il n'était plus seulement un élève.

Il était devenu un élément central du récit du monde.

Et cela le terrifiait. Le conseil avait éveillé en lui plus qu'un avertissement : une question.

« Suis-je encore humain ? »

Il passait de longues heures dans la Tour d'Encre, une ancienne aile de l'Académie qui lui avait été confiée. Là, il testait la cohérence de ses nouveaux pouvoirs. Certains sortilèges répondait à ses pensées avant même qu'il ne formule une incantation. Il pouvait suspendre le feu dans le temps, effacer la gravité dans une pièce, transformer des lois physiques en brume poétique.

Mais chaque usage le consumait un peu. Car à chaque fois… il sentait la Présence du Faux Auteur. Comme une plume invisible qui traçait des mots derrière les siens.

Alors, Kael décida de limiter son usage de l'Encre Absolue.

Et de se recentrer sur la magie pure. Kael reprit les cours. Non plus comme un simple élève, mais comme un auditeur libre, parfois enseignant temporaire dans les classes avancées.

Il étudia la magie draconique auprès de la mystérieuse professeure Luth'Rha, de la race des anciens Tisse-Feu. Il échangea avec les érudits de la magie fey dans la bibliothèque vivante de Silvarine, et pratiqua le combat magique sous forme d'arènes astrales avec le maître de guerre Armak Dur.

Et plus encore, il lut. Sur les races anciennes. Sur les civilisations enfouies. Sur les Premiers Mages, ceux qui avaient défié la narration elle-même. Mais Kael n'était pas seul.

Elyra, la magicienne de glace, s'inquiétait pour lui. Elle ne l'avait jamais vu aussi distant. Elle vint le trouver un soir, sur le toit de la Tour d'Encre, là où les étoiles semblaient plus proches qu'ailleurs.

— Tu veux que je t'aide à ne plus devenir un monstre ? demanda-t-elle en s'asseyant près de lui.

Kael la regarda longuement. Ses yeux à elle reflétaient une détresse douce, une lumière tendre.

— Je veux rester humain. Mais je ne sais plus ce que ça veut dire, répondit-il.

Il ne la repoussa pas lorsqu'elle posa sa tête contre son épaule.

Un instant de paix.

Mais ce ne fut pas la seule. 

Aeyna, l'épéiste stellaire, l'observait de loin, jalousant Elyra sans oser l'avouer. Durant un entraînement en duel magique, elle l'attaqua avec une rage inhabituelle.

— Tu crois que tu peux porter tout seul ce monde ? Tu n'as pas le droit de nous exclure, Kael.

Il para. Sans riposte. Il la laissa le frapper.

Quand elle s'effondra en larmes dans ses bras, il la serra sans un mot. Il comprit. Elle ne voulait pas être forte contre lui. Mais avec lui.

Ces deux liens... commençaient à prendre racine. Le calme fut brisé par une nouvelle missive. Celle que Kael redoutait.

« Il est temps. Le Faux Auteur t'attend. Tu sais où aller. »

Il savait. Au-delà des terres connues. Là où même les cartes refusent d'écrire.

Mais avant ce départ, Kael convoqua tous les élèves avancés de l'Académie. Il fit une déclaration publique.

— Un orage approche. Il n'est pas écrit dans les livres. Il viendra briser les lois. Si je tombe, vous devez survivre. Écrire la suite. À votre manière.

Et tous, silencieusement, comprirent. Cette nuit-là, il ne dormit pas. Elyra vint. Puis Aeyna.

Ils ne parlèrent pas de guerre, ni de pouvoirs. Juste de musique, de vœux, de peurs.

Il y eut un baiser. Lent, hésitant. Éthéré. Rien de charnel. Mais plein de promesses.

— Reviens, dit Elyra.

— Ne meurs pas seul, dit Aeyna. 

Et au loin… l'Encre bouillonnait

Le monde se taisait.

Mais la Trame du Réel frémissait.

Et Kael… marchait vers la plus grande de toutes les batailles.

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