Le dimanche matin apportait avec lui une lumière douce et dorée. Tian Tian dormait encore, recroquevillée dans son petit lit, tenant fermement sa peluche préférée. Li Na, quant à elle, était déjà réveillée. La soirée de la veille tournait encore dans sa tête, comme une mélodie qu'on n'arrive pas à oublier.
Liu Zhen lui avait tendu la main, sans rien exiger. Et pour la première fois depuis longtemps, elle n'avait pas eu envie de fuir.
Elle sirotait lentement son café, debout près de la fenêtre, quand son téléphone vibra. Un message. De Liu Zhen.
> « Bonjour. J'espère que vous avez bien dormi. J'aimerais vous inviter à déjeuner aujourd'hui, juste vous et Tian Tian. Pas de pression. Dites-moi si vous êtes libres. – LZ »
Li Na posa son téléphone sur la table, hésitante. Encore une invitation ? Elle n'était pas habituée à cette attention. Elle avait vécu trop longtemps à se débrouiller seule, à fuir les complications, à éviter toute dépendance.
Mais Tian Tian… Elle avait souri comme jamais hier soir. Et quelque chose dans les yeux de Liu Zhen lui avait rappelé que certaines personnes méritaient peut-être qu'on leur laisse une chance.
Elle répondit simplement : « D'accord. »
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Le restaurant choisi n'avait rien d'extravagant. Un petit établissement en bord de rivière, simple mais charmant, avec une terrasse ombragée et une fontaine au centre du jardin. Tian Tian, ravie, courait entre les fleurs pendant que Li Na et Liu Zhen s'installaient.
« Tu as choisi un endroit très paisible, » dit-elle, un peu gênée par l'intimité du lieu.
« Je voulais un endroit où on pourrait parler, tranquillement. Sans que le monde autour ne s'impose à nous. »
Li Na acquiesça. Elle appréciait cette discrétion. Avec lui, elle ne se sentait pas exposée, ni jugée.
Après quelques échanges légers, Liu Zhen osa une question plus sérieuse.
« Est-ce que je peux te demander ce qui est arrivé avec le père de Tian Tian ? »
Li Na garda le silence quelques secondes, observant sa fille courir avec insouciance.
« Ce n'est pas une histoire très originale, » murmura-t-elle. « J'étais jeune. Je croyais que c'était de l'amour. Il m'a quittée dès qu'il a appris que j'étais enceinte. Et mes parents... m'ont aussi tournée le dos. »
Elle baissa les yeux. « Tian Tian est née dans le silence et l'abandon. Mais je ne le regrette pas. Elle est tout ce que j'ai de plus précieux. »
Liu Zhen posa doucement sa main sur la table, sans la toucher. Juste assez près pour montrer qu'il était là.
« Ce que tu as accompli seule, c'est admirable. Je ne veux pas prendre la place de qui que ce soit. Mais si tu me laisses être un pilier dans vos vies, même à petite échelle, je le serai. »
Li Na releva les yeux vers lui. Pour la première fois, elle vit en lui plus qu'un homme riche. Elle vit un homme sincère.
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À la fin du déjeuner, alors qu'ils se levaient pour partir, un homme d'âge mûr apparut soudainement. Il était grand, vêtu d'un costume sombre, et ses yeux fixèrent Tian Tian avec une intensité troublante.
« Li Na ? » dit-il d'un ton grave.
Elle se retourna, figée. Son cœur rata un battement.
« Monsieur Fu ? »
L'homme s'approcha, ignorant Liu Zhen.
« On doit parler. À propos de cette enfant. »
Liu Zhen intervint immédiatement. « Qui êtes-vous ? »
L'homme le regarda avec dédain. « Je suis Fu Jian. Et je crois que cette enfant pourrait être ma petite-fille. »
Le silence tomba comme un couperet.
Li Na sentit le monde s'effondrer sous ses pieds. Fu Jian était le père de l'homme qui l'avait abandonnée. Il n'avait jamais reconnu Tian Tian. Pourquoi maintenant ?
Tian Tian, elle, observait l'homme avec curiosité, sans comprendre la tension autour d'elle.
« C'est impossible, » dit Li Na, la voix tremblante. « Elle n'a rien à voir avec vous. »
« Je veux un test. Une preuve. Mon fils est mort dans un accident l'année dernière. Il m'a laissé une lettre. Il disait qu'il regrettait… et qu'il croyait avoir une fille, quelque part. »
Liu Zhen s'interposa doucement mais fermement.
« Cette enfant est sous la garde légale de sa mère. Vous n'avez aucun droit ici sans preuves. »
Fu Jian serra les mâchoires. « Alors je les obtiendrai. »
Et il tourna les talons, laissant derrière lui un froid glacial.
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Sur le chemin du retour, Tian Tian s'était endormie dans la voiture. Li Na, elle, était secouée.
« Pourquoi maintenant ? Pourquoi après tout ce temps ? » murmura-t-elle.
Liu Zhen lui prit la main. Cette fois, elle ne la retira pas.
« Peu importe ce qu'il dit, tu n'es pas seule. Je vais t'aider à la protéger. »
Elle le regarda, les larmes aux yeux. Elle n'avait pas demandé tout ça. Elle n'avait jamais voulu que le passé revienne frapper à sa porte. Mais elle n'était plus seule.
Et peut-être qu'ensemble, ils pouvaient affronter ce qui allait arriver.